Raymond JOLY |
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RAYMOND JOLY-CLARE, |
Page mise à jour le 25 octobre 2006
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"Histoire d'un p'tit poulbot"
(source : Le
Tailleur de Fer, éditions J'étais une fois)
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L'ENFANCE |
Raymond JOLY-CLARE est né à Paris le 4 février 1911 au quartier Montmartre.
Parmi les premiers souvenirs d’enfance qu’il
garde, ce sont les airs de clairon sonnant le début ou la fin de l’alerte selon
le passage des avions venus bombarder la ville, et " l’image du petit
gnome qui habite le disque noir d’un phonographe "
Dans son enfance, il dessine sans arrêt, et sur
ses dessins à la plume, une petite voisine lui a appris à gratter des crayons
de couleur.
Raymond JOLY est le benjamin dans une famille de
quatre enfants.
Il se rappelle encore des hebdomadaires de son
enfance " L’intrépide, Les Belle Images me ravissent "
Lorsque qu’il a environ cinq ans, sa maman,
blanchisseuse de son état, lui achète des " Jean Cousin " (petite
brochure à cinq centimes). Il s’efforce d’y tirer des traits, en suivant les
contours déjà indiqués. En 1918, quelques jours avant la fin de la guerre, alors qu’il a à peine 7 ans, sa
mère décède, épuisée par le travail. Il reste donc seul avec ses sœurs, sans
jamais revoir son père.
A 9 ans, à l’école communale, il commence à
dessiner et à peindre, il est le meilleur de sa classe en dessin.
En 1924, à cause d’une anémie persistante, il est envoyé dans une école de
plein air où il passe son certificat d’études.
L'APPRENTISSAGE |
En 1926, à 15 ans, il est placé comme apprenti ciseleur en bronze à l’école de la Chambre de Commerce, il en sort le premier au
bout d’un an, s’étant révélé d’une habileté manuelle exceptionnelle. Il
poursuit plusieurs apprentissages de ciseleur orfèvre. En 1929, il est embauché
dans un atelier où un contremaître lui apprend la gravure en creux. Le soir et le dimanche matin, il continue à suivre les
cours de la ville de Paris, aux Arts Appliqués, pour perfectionner ses
connaissances.
LE SERVICE MILITAIRE |
En 1932, il part faire son service militaire dans le Génie, à Versailles, mais s’étant entendu dire qu’il
faisait " le déshonneur de la compagnie " (ne pouvant pas marcher au
pas), il est envoyé finir son temps aux Invalides, où l’on avait besoin d’un dessinateur-affichiste.
Après avoir fait la fête la veille de la rentrée
à la vie civile, il est voté dix-huit mois de service pour le contingent de
l’année. Or, il est le seul a être ajourné parmi ses camarades de la classe 31.
Quand il va voir ses copains, il se fait huer... Il en sera très peiné.
En 1933, il reprend son travail
dans l’atelier qu’il a quitté. Mais le contremaître a quitté cette entreprise
pour devenir professeur à l’Ecole Boulle où il a formé plusieurs graveurs de la
Monnaie de Paris.
PREMIERS TRAVAUX |
En 1937 Raymond JOLY devient décorateur du Pavillon de l’URSS lors de
l’Exposition Internationale.
A la fin de l’Exposition, après une glorieuse
" bamboula " d’adieux, il reçoit un livre accompagné d’un diplôme
portant la mention : Au Tovaritchde R.JOLY, en récompense de son travail de
choc au Pavillon de l’URSS.
L’Exposition terminée, il est sans travail.
1939 : ENTREE A LA MONNAIE DE PARIS |
En 1939, Prost un de ses anciens professeurs,
lui suggère de rentrer à la MONNAIE DE PARIS en tant que graveur.
En 1940, pendant la " drôle de guerre
", il dessine, peint, et réalise sa première sculpture en taille directe,
il grave des insignes pour les compagnies de l’Aisne.
1942 : PREMIER GRAND PRIX DE ROME |
En 1942, il reçoit le Premier Grand Prix de Rome, part pour la villa Médicis à Rome où il
rencontre tous les autres pensionnaires : architecte, musicien, sculpteur…
Revenu à Paris en 1946, son activité
professionnelle se développe rapidement : il reçoit la commande de l’édition
d’une médaille pour la Monnaie de Paris, vases en
céramique pour la manufacture de Sèvres, sculptures pour la ville
d’Innsbruck, réalisation de vitraux pour la restauration d’une
chapelle à Roubaix, la décoration intérieure de l’Hôtel de Ville de Belfort :
réalisation d’un ensemble de médaillons des maires pour la salle
d’honneur.
1958 : GRAVEUR GENERAL DES MONNAIES |
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Monsieur
Raymond JOLY est nommé, à la fin de l’année 1957, par le décret du Ministère des
Finances, Graveur
Général des Monnaies.
Il succède à Lucien Bazor, qui prend sa
retraite. Ainsi le 19 janvier 1958 à 8 heures, on frappe à sa porte. Surpris,
il voit entrer son Maître Henri Dropsy.
Le patron lui déclare : " JOLY, vous êtes
Graveur Général des Monnaies ! "
Il est heureux car, enfin, tous ses efforts ont
abouti à quelque chose de merveilleux. La première chose à faire lorsqu’on
devient Graveur Général c’est de choisir un " différent "
(signe symbolique permettant de reconnaître l’authenticité des monnaies.) Il
choisit la chouette.
Le début de sa carrière est très important, il
reçoit la charge de la mise au point de la nouvelle monnaie française, le
" nouveau franc ", et son symbole, la Semeuse.
Il est très fier de réaliser ce projet.
Raymond JOLY-CLARE restera au poste de Graveur
Général des Monnaies de 1958 à 1974. Pendant cette période, il est amené à
travailler pour d’illustres personnages : les Académiciens pour qui il
confectionne des épées, la principauté de Monaco pour qui il créée une pièce de 5 francs, le Président
Pompidou qui lui demande de réaliser une
monnaie en or pour son voyage officiel au Gabon (il n’a jamais eu aussi peur du
résultat car il n’a eu que huit jours pour la confection). Il expose au Musée Monétaire en présence de Monsieur Giscard d’Estaing, alors Ministre
des Finances, et rencontre Monsieur Salvador Dali, qui signe une de ses œuvres.
1974 : LA RETRAITE |
En 1974, Raymond JOLY-CLARE prend sa retraite et
s’installe avec sa sœur dans l’Oise. Mais ce n’est pas pour autant qu’il arrête
ses activités. Des commandes de toutes sortes continuent à arriver : une médaille pour
le monument de Louison Bobet, pour le musée de Saint-Denis, la décoration de la
salle de jeux de l’école maternelle de Noailles. Il réalise pour le plaisir,
étant toujours en recherche de nouveautés, des petits tableaux
avec des timbres-poste, des gravures sur ardoise, des peintures sur verre dont il réalise des vidéos.
En 2005, il vit seul dans sa maison, où de temps
à autre il peint encore ou sculpte suivant ses désirs.
Raymond JOLY-CLARE est décédé le 18 juin 2006 au
soir, à l'âge de 95 ans.
Raymond JOLY-CLARE est Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier
de l’Ordre National du Mérite, Officier des Arts et des lettres et décoré de la Croix du Combattant.
Raymond Joly pendant la réalisation de la médaille du
Bicentenaire mulhousien (1998-1999)
photo Michel Charbonnier
Médaille du Bicentenaire mulhousien (1999)
Article paru dans le journal
"L'Alsace" du 1er Février 2000 (site : www.alsapresse.com) Bicentenaire médaillé C'est Raymond Joly, Grand Prix de Rome et
ancien Graveur général des Monnaies, qui a réalisé la médaille du
Bicentenaire de la réunion de Mulhouse à la France. Michel
Charbonnier ne cache pas sa passion pour la numismatique. Aussi, lorsque
Mulhouse a fêté en 1998 le bicentenaire de sa réunion à la France, ce
Mulhousien n'a pas manqué l'occasion de proposer la réalisation d'une
médaille commémorative de cet anniversaire en lançant une souscription avec
le soutien de la Ville et de la Chambre de commerce et d'industrie. Cette médaille a été frappée par la Monnaie de
Paris, en bronze florentin, en septembre dernier. Elle a été éditée à 110
exemplaires (module de 59 mm). Six autres exemplaires ont été fabriqués
spécialement en tirage de tête avec une toile, portant son diamètre à 68 mm.
Un exemplaire a été confectionné en argent en module de 59 mm. A l'avers,
elle représente la place de l'Hôtel de Ville de Mulhouse lors de la fête de
la réunion le 15 mars 1798, d'après une gravure ancienne de G. Dantzer, avec
l'inscription circulaire " Bicentenaire de la réunion de Mulhouse à la France
1798-1998". Sur le revers de la médaille, le thème s'intitule " La
République apporte l'abondance". Le graveur s'est inspiré d'une oeuvre
anonyme du XVIIIe siècle figurant sur un foulard conservé au Musée historique
et symbolisant l'industrie textile et la prospérité mulhousienne de cette
époque. Michel Charbonnier n'est pas peu fier non plus d'avoir pu faire
graver cette médaille du Bicentenaire par l'un des plus grands spécialistes
de cet art, Raymond Joly. Ancien Premier Grand Prix de Rome, Raymond Joly est
aujourd'hui Graveur général des Monnaies honoraires. La médaille du Bicentenaire est visible à
l'office du tourisme de Mulhouse." L'outillage existe encore, un
complément de fabrication peut encore être envisagé pour les personnes
intéressées ", indique Michel Charbonnier. 1/1/2000 |
La
modestie d'un homme au talent extraordinaire.
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Pierre Dehaye, membre de l'Institut, évoque notamment " la modestie d'un homme au talent extraordinaire ". Né à Montmartre en 1911, c'est en 1942 que Joly, formé notamment à l'école des arts appliqués, puis à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, se voit décerner le Premier Grand Prix de Rome de gravure en médaille. C'est en 1957 qu'il devient Graveur général des Monnaies, fonctions qu'il assume jusqu'à sa retraite en 1974. Tout au long de cette carrière, de cette vie vouée à la gravure, il a créé plus d'un demi-millier de médailles. Autant de chefs d'oeuvres marqués de la " chouette " en guise de " différent ", ce signe symbolique qu'utilisent les graveurs généraux pour attester de l'authenticité des monnaies. Raymond Joly a par ailleurs réalisé en 1980 un grand médaillon pour le lycée Louis Armand, représentant Louis Armand (1905-1971). Une oeuvre qui figure d'ailleurs dans vingt et un établissements éducatifs qui portent le nom de Louis Armand. |
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